Traces

Laisserais-je une trace au bout du chemin fou

Au sommet du plein vent, sur le cairns, un caillou,

Un coucou aux chorales des étoiles naines,

Une pensée aux peuples des âmes lointaines.

Laisserais-je un poème, une chanson que j’aime

des lettres de Bohême ou même un requiem

sur les pages jaunies des livres oubliés

sur des pavés en grève, dans le sable mouillé.

Laisserais-je un mouchoir, sur le quai d’une gare,

une main sous la pluie qu’on agite en partant

Une vieille lanterne le cœur béant

Une dernière danse au milieu du brouillard

Laisserais-je un phare au milieu de la mer

pour guider les fantômes des navires corsaires

pour faire un pied de nez à la lune falote

et sauver dans l’espace le dernier cosmonaute.

Laisserais-je un mot d’amour à la sauvette

sur l’ teppaz du salon où valse une opérette

un masque de satin au violon du bal

pour une dame en noir et son regard fatal

laisserais-je derrière l’envol de mon âme

un rai de lumière une petite flamme

comme on voit les avions qui filent du coton

des filoches de laines tricotées des moutons.

Laisserais-je dans le vent un peu de cendre grise

sur le Ma-chu Pi-chu ou versant du Népal

ou bien sur la Loire, en amont, en aval

ou sur une gondole un été à Venise.





Mais sûr je quitterais ce petit bout de terre

ce pays d’ ici bas au-delà des frontières

un jour de soleil dans les bras d’un chêne roux

et sur sa branche de feu le dernier des hiboux

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