Vous voulez savoir comment je suis devenu si adroit avec mes dés ? C’est parce que je me suis entraîné avec des cailloux !

Vous n’avez jamais rêvé d’être caillou ? Non ? Vous avez raison, c’est dur d’être caillou ! Surtout, si vous avez le cœur tendre et que vous entendez parler de cœur de pierre depuis des millénaires ! Eh oui, ça dure d’être caillou !
Remarquez d’un côté , c’est bien. Ça vous laisse l’espoir de voir un jour la mer ! Même quand vous êtes coincés sous la terre d’un champ, le tout c’est de ne pas s’impatienter. A chaque labour suffit sa peine ! C’est de la philosophie de caillou. Ils disent aussi : « Mieux vaut ça que de se faire casser la gueule à Cayenne ! » Les cailloux ont du vocabulaire ! Ils finissent toujours par se sortir de là ! Et ce n’est pas fini. ..

Attention, les cailloux ont des oreilles. Alors dans les champs, parlez tout bas, car ils pourraient bien vous entendre ! Remarquez ce n’est pas ce que vous dites qui les intéressent. Non, et vous l’avez peur-être deviné ? Un caillou qui se respecte n’a qu’un seul but : arriver à la mer ! Un caillou, ça ne raisonne pas comme nous. La réussite pour un caillou, c’est de finir sur le sable !
Bon ! Donc, le caillou tend son oreille de caillou ! Et il entend le ruisseau. Alors, il ouvre son œil de caillou et guette l’arrivée des nuages. Et il pense très fort dans sa cervelle de caillou « Que la pluie vienne ! Et qu’elle soit diluvienne ! » Puis il se met à chanter une de ces chansons de la pluie qu’il connaît des indiens d’il y a longtemps. Vous savez, celles qui accompagnaient les danses pour la faire venir.
A ces mots et chansons, l’orage éclate, ne sent plus de joie, il pleut pendant quarante jours, et voilà le caillou dans l’eau du ruisseau, du ruisseau à la rivière, de la rivière au fleuve et du fleuve à la mer ! Ce n’est qu’un jeu de caillou pour un caillou qui en a roulé d’autres !

Je me suis souvent demandé, pourquoi ils sont si nombreux sur les plages d’Étretat ! Pas vous ? Ah, bon !

