Le rôdeur de jour, après la danse de la danseuse sur le canal joue à nouveau avec les dés pour connaître la suite de l’itinéraire. Un passant lui dit : « Ne la cherchez pas ! Elle est partie ! Elle a déjà rejoint son monde ! Celui des images en couleur ! Et le décorateur qui doit être un peu magicien a gommé le rideau de pluie et posé un arc-en-ciel sur la mer. » J’ai connu une femme immobile. Elle m’a dit un jour : « Je viens de trop loin pour marcher encore. »

Elle n’a jamais parlé assez longtemps pour livrer le mystère de son accent. Mais à chaque appel de sirène elle regarde l’horizon. Et quand je croise des marins, je me demande s’ils auraient pu, un jour, abandonner cette étrangère.

C’est un jour d’oiseaux
Sur un quai de pluie
Une heure désertée
Des bateaux de pêche
C’est un jour d’écume
Noyé de brume
Le chant d’une femme
Au cœur brise l’âme
Elle a peur du vent
Du froid sous sa peau
De l’abîme dessous
L’oubli du Mali
Arrachée au pays
Une nuit de décembre
Sable et désert
Baobab et chameau
Une maison d’argile
Rouge et de paille
Mil et sorgho
Dans le bol de midi
Elle a peur du vent
Du froid sous sa peau
De l’abîme dessous
L’oubli du Mali
Son regard dans la nuit
Fait un large trou
Sur le chemin fragile
D’un phare au lointain
Une pincée de lumière
Qui signe l’horizon
Son enfant de laine
Sur elle endormie
Elle a peur du vent
Du froid sous sa peau
De l’abîme dessous
L’oubli du Mali
C’est une frontière longue
Comme une blessure
À franchir avant que
L’esquif chavire
Avant que la photo
De son pays s’égrène
Avant que de toucher
Un autre bout du monde
Elle a peur du vent
Du froid sous sa peau
De l’abîme dessous
L’oubli du Mali
Avant que de toucher
Cet autre bout de terre
Ce rêve d’un Pérou
Où la vie serait douce
Pour son enfant de laine
Pour oublier sa peur
Le froid sous sa peau
Et le désert mandingue
Elle a peur du vent
Du froid sous sa peau
De l’abîme dessous
L’oubli du Mali